Fait pour nous égarer
Sur la voie du malheur
Et de la volupté,
Car derrière la face
De toute perfectionIl n’est parfois hélas
Qu’amère déception…
Si la beauté d’un corps
Ou d’un joli visageD’amour fou nous dévorent
Ils ne sont que l’image
De ce que notre instinct
Nous pousse à vénérer,Car l’humain n’est qu’humain,
Futile et imparfait.
Or la beauté d’un être
N’est qu’un masque trompeurDont on peut se repaître
Sans trouver le bonheur,
Si joli soit ce masque
Il n’embellit pas l’âmeEt notre élan fantasque
N’est qu’une brève flamme
Devant un cœur humain
Bien loin de l’idéal
Qu’on voulait moins commun,
Qu’on rêvait moins banal,
Avant que le vernis
De nos premiers émois
Se craquelle et s’enfuie
Et glisse entre nos doigts…
Mais on a beau vieillir,
L’esprit presque serein,
On croit pourtant mourir
Dès qu’un ange survient,
Un ange, dont le visage
Nous hante jour et nuit,
Déchaînant maints ravages
En notre âme meurtrie,
Et notre cœur s’emballe
Pour un être trop cher,
Et la raison détale
Et l’on n’y peut rien faire
Qu’aimer à la folie
Une image, non une âme,
Consumant notre vie
En de perfides flammes…